Xaraasi Xanne (Crossing Voices)/Journée Porte Ouverte du foyer Branly
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Les habitants du Foyer Branly et leurs soutiens vous convient aux portes ouvertes dans le cadre du Festival Alimenterre qui fait étape cette année au 73, rue Edouard Branly.
Venez découvrir son histoire, son fonctionnement et son devenir !
12h-13h30 : Accueil et repas partagé (plats à prix tout doux).
13h30-14h45 : Historique et actualité des foyers et résidences sociales
en France.
La parole au foyer Branly, à d’autres foyers et lieux d’accueils autonomes.
15h-17h : Projection du film Les Voix Croisées (Xaraasi Xanne) de
Raphaël Grisey et Bouba Touré.
À partir d’archives rares, l’aventure exemplaire de Somankidi Coura –
coopérative agricole fondée au Mali, en 1977, par des travailleurs
immigrés d’Afrique de l’Ouest vivant en France dans des foyers – met en
lumière les violences de l’agriculture coloniale et les enjeux
écologiques sur le continent Africain aujourd’hui.
Organisé par le COPAF (collectif pour l’Avenir des Foyers)
Texte issue du site l’Insoumission:
Rassemblement au foyer Branly de Montreuil – Récit d’une journée de solidarité avec les résidents immigrés, 26 novembre 2024
Montreuil. Ce samedi après-midi jusque dans la soirée, 250 personnes se sont rassemblés pour un festival de débats, de moments artistiques et culturel, dans le foyer Branly. Dans un moment de luttes des résidents contre une « rénovation » scandaleuse prévue par l’opérateur Adoma et qui prévoit la destruction des lieux collectifs, dont la cantine où s’organise le partage, la solidarité, la vie.
Aux côtés des résidents et des nombreux militants associatifs, les militants insoumis étaient présents en nombre tout au long de la journée ainsi que la candidate LFI-NFP aux législatives, Sabrina Ali Benali et la députée insoumise Danièle Obono. Notre récit.
Branly ouvre sur l’histoire des foyers et la convergence des luttes
Dans les Foyers de résidents immigrés, les combats se répètent. Méthode bien orchestrée pour démonter les Foyers, ces lieux de vies où s’organisent le partage, la solidarité, la vie. Ici, dans notre quartier Boissière-Montreuil, c’est 40 années d’histoire et de solidarités du foyer Branly et de ses liens avec le quartier qui sont mis à mal.
Le groupe d’action insoumis « les Boissière » a pris l’initiative de contribuer à la solidarité du quartier avec les résidents du foyer. Et de participer un festival organisé autour de leur lutte pour défendre leurs droits pour un logement pour tous digne convivial et solidaire. Dans leur local insalubre, les seaux recueillant les fuites balisent le trajet jusqu’à la salle où a lieu le festival AlimenTerre. En bruit de fond, la musique de l’eau qui coule en continu dans les longs tuyaux en permanence, le crissement des lumières, indiquent la vétusté, le froid le mépris du marchand qui les loge.
Pourtant, on y est invit, accueilli dans une ambiance chaleureuse. Autour de la cantine qui est le cœur de leur bataille de leurs vies des liens qu’ils tissent…. L’entraide c’est ici ! Les habitants sont là en nombre et se rappellent que grâce aux résidents dès l’origine du foyer, des associations de solidarité, d’autres pour favoriser le dialogue entres les différentes générations et les différentes cultures ont vu le jour. Une réussite.
40 ans après, ce foyer témoigne. Les deux 2 coprésidentes du Comité de soutien du Foyer, Véronique et Véronique, font les liens entre les gens, organisent, improvisent… en respectant avant tout la vie du foyer et de ses habitants, des cantinières, des prières… Tout est dans l’humanité, cette lutte doit réussir.
On installe ensemble les tables et on les bouge tout au long de la journée selon les moments. Autour des tables pour manger. En face de l’écran. En cercle pour se parler. Ça commence en retard mais ça commence. En fait ça a déjà commencé. Il suffit de regarder autour de soi et l’état des lieux pour comprendre leurs luttes
Un combat et une histoire nobles
Première prise de parole : le président du foyer donne le ton. Le fils d’un résident du foyer est venu traduire les échanges et compléter les témoignages. « Ce combat est noble », commence-t-il. « Ici c’est un foyer de Solidarité pour ses habitants et le quartier, nous y vivons dans des conditions inhumaines. Vous voyez vous avez froid et bien nous c’est comme ça tous les jours. » « Notre loyer c’est pour un lit, les douches sont communes. Imaginez le départ au travail le matin ; » « La cantine est le lieu central de nos vies, de la vie des jeunes du quartier qui y viennent faire des fêtes quelquefois. C’est un lieu commun de partage celui que nous défendons auprès du Bailleur et des institutions. »
« Dans la réhabilitation, Adoma les refuse. Plus de cantine, plus de salles de réunions, plus de lieux pour la solidarité ou la prière. Pour eux, 49 mètres carré sera bien suffisant pour la collectivité. Il leur faut casser notre mode de vie ! Et aussi nos possibilités de résistance pas une salle pour se réunir en assemblée générale ! »
Pourtant les espaces collectifs ont le vent en poupe et sont considérés comme une avant-garde aujourd’hui l’habitat participatif est mis en avant pour les nouvelles constructions d’immeubles. Il est écologique. À Montreuil c’est un des enjeux urbains… les Castor, les Luats, les Babayagas…Pas pour tous cependant.
Branly et sa convergence des luttes
Ces combats se répètent dans tous les foyers. À Montreuil, comme par exemple au foyer Rochebrune à 500 mètres d’ici. Le bailleur Coalia a fermé la moitié du foyer. Certains habitants ont été relogés. D’autres non. 6 par chambres 60 par étage 2 douches seulement. Les luttes se relient. La solidarité, c’est encore ici. Autres situations qui indignent les habitants de notre ville. Les sans-papiers, la précarité, ceux et celles qui ont faim. À Branly on aide, on donne, et on écoute. La parole à ces luttes contre les expulsions qui se multiplient. Toutes sonnent avec les mêmes mécanismes.
Mohamed du collectif d’habitant de Gambetta vient raconter combien le combat est difficile. Expulsés depuis près de 2 mois, plusieurs familles se retrouvent à la rue avec femmes, enfants, bébés… Depuis tout ce temps ils demandent de l’aide auprès des institutions, de la mairie. À la rue des femmes ont été victimes d’agressions, les enfants déscolarisés… Les choses trainent. Les balles se renvoient. Elles ne se font pas.
En attendant, Mohamed déclare : « Les Femmes sont à la rue. Les enfants dorment dans le froid. Les hommes nous on peut se débrouiller mais les femmes et les enfants non ! On est tous pareils. On essaye de trouver des solutions pour que tout le monde soit au chaud. On avait espoir en entrant dans une ancienne école vide depuis 3 ans. Mais la mairie à immédiatement ordonnée un nouvel arrêté d’expulsion et envoyé la police pour nous mettre dehors sous la neige ».
La manifestation pour soutenir les expulsés de Gambetta a de nouveau tourné au cauchemar pour ces familles. Malgré la protection d’arnaud Le Gall député LFI, de Médecins sans Frontières, du DAL. La Brav M est arrivée pour expulsé à nouveau des expulsés ! (voir video ci-dessous). Par Solidarité Sabrina Ali Benali a créé une cagnotte, disponible ici.
Le Doyen du foyer clos la première partie des témoignages. « Le Doyen c’est notre mémoire celui qui nous transmet », dit le traducteur avant de nous traduire. « Merci pour déplacement il n’a pas de mot le soutien ça demande de la patience et du courage… La situation Adoma nous montre clairement qu il ne nous aime pas… Il fait très froid même pour dormir. Il n’y a aucune humanité dans tout ce qu ils font… Les plus grands remerciements c’est pour les soutiens. Je suis revenu d’Afrique pour nous remercier. »
Expulsion imminente de familles et d’enfants par la Mairie de Montreuil – Le député LFI Arnaud Le Gall présent aux côtés des associations et des habitants pour exiger que la Mairie renonce à l’expulsion
Un film en avant-première au foyer
La journée est ponctuée par la projection du film « Xaraasi Xanne, les voix croisées » de Raphael Grisey et Bouba Touré. Il montre que les luttes et les solidarités des travailleurs dans les foyers. Essentielles à l’existence qu’elles soient ouvrières ou pour les droits. Féministes. Internationalistes. Antiracistes. Ecologistes….. Bouba, le personnage principal et réalisateur du film est le frère d’un des anciens habitants du foyer Branly. Il nous raconte les conditions d’arrivées en France.
Un parcours où les stigmatisations, les situations très précaires et le non logis ont donné naissance à un projet. « C’est grâce à cette misère, dit-il, que nous est venue l’idée de revenir à la terre dans nos pays d’origine ». Après accueil et formation dans des fermes bios amies et en passant par le Larzac. Ils ont créé leur propre économie dans leur village.
Émigration, retour à la terre, alphabétisation, instruction. Il faut se former Il faut se battre pour les conditions de vie. Le syndicalisme faisait partie du projet. « On s’est débarrassé du colonialisme pas du patriarcat », disent les femmes qui gagnent leur parcelle propre. Aujourd’hui il reste 6 personnes qui sont encore dans le village
Superbe de regarder ce film dans cette salle pleine et mêlée. Sentir à côté de nous, l’émotion de voir des images africaines connues. Comme un fond d’éducation populaire ce film interpelle les habitants comme un espoir, un exemple une fierté pour la suite de leur combat.
Le moment politique de Branly
Les débats reprennent. Maintenant, c’est le volet avec les politiques et associations ! Les habitants installent la salle autour des intervenants de Djembé ponctue chaque intervention comme une fête un encouragement un remerciement
Le délégué général des Foyers Adoma et Mickael du comité de soutien aux foyers décrivent les conditions de vies depuis les nouveaux règlements des gestionnaires et liées aux réhabilitations. Il y a de nombreuses mises à la rue le nombre de place final étant toujours inférieurs aux officiels en place et donc sans compter ceux qui trouvaient refuge chez un proche, un parent.
Un résident de Branly témoigne : « C’est très difficile, les pratiques sont tous les mêmes. Des logements sont vidés pour que les bailleurs puissent encore plus tirer de profits sur les travailleurs précaires et étrangers Pas de douches, pas d’eau chaude dans les anciens locaux Le matin, il faut arriver de bonne heure pour prendre ta douche et aller au travail. Notre vision, c’était que la mairie vienne nous aider mais ils sont aux abonnés absents. Dans les Anciens foyers, il y avait une espèce d’accord entre les résidents et les bailleurs
Des cantines pour manger pas trop cher, le marché, les salles communes, le bar… L’essentiel était de survivre en France à très peu cher même dans des conditions pas très confortable pour faire vivre nos familles ici et dans les pays d’origine. » La lutte des Branly a retardé les travaux de deux ans. Deux ans de répit mais le moment est crucial.
Avec les politiques de 1996 ça devient « les résidences sociales ». C’est la fin de la plupart des chambres à plusieurs. Le studio devient autonome. Plus besoin de collectif pour les bailleurs ! Vous ne pouvez pas dormir avec quelqu’un qui n’est pas titulaire. Vous ne pouvez pas accueillir. Plus de cantines, plus de marchés, les foyers seront refermés sur eux-mêmes. Et les résidents dans leur chambre. La population ciblée sont des travailleurs migrant pour des catégories spécifiques La vie commune et collective est ainsi démantelée.
C’est censé être un logement provisoire… et trouver un logement pérenne est impossible. Les Gestionnaires font la chasse aux personnes qui se font remplacer. En plus des traitements inhumains qu ils subissent au quotidien. Les Bailleurs les mettent sous Surveillances. Les compteurs d’eau font office de pointeurs Ces surveillances peuvent entraîner une condamnation et une expulsion de l’habitant. C’est difficile d’adopter une vie comme ça ! On cherche des soutiens auprès des parlementaires, auprès des villes
Danielle Obono députée LFI prend le micro après tous ces témoignages qui s’enchainent entre espoir et errances.
« On a travaillé avec d’autres à l’assemblée sur cette question. C’est pour moi d’abord une question de défense des droits. Quand on défend des droits, c’est aussi un combat pour tout le monde. C’est aussi les droits qui doivent être garantis et étendus. Il y a eu des victoires. C’est le rapport de force sur le terrain avec les soutiens et les habitants qui sont importantes. Les batailles changent la philosophie et la manière dont on traite les personnes Il faut le remettre en cause le Néocolonialisme…Avoir une dimension sociale sur l’accompagnement. Le traitement des foyers est raciste comme certains autres aspects de nos politiques
Pourtant, la vie collective des foyers pourrait être source d’inspiration. Ça parle d’une autre manière de vivre. D’une « rehumanisation » des lieux de vie, une forme d’habitat collectif. L’Esprit du collectif est à revendiquer pour créer du lien social On veut du lien d’un côté et de l’autre on le brise !
Nous travaillons une proposition de loi pour faire en sorte que toutes personnes qui occupent un foyer aient les mêmes droits que tous. Famille, loyers… Cette bataille est peut-être à contrecourant de l’ambiance générale mais moi je crois que l’on peut gagner. Plus on défend les droits des uns on gagne le droit des autres… »
Le djembé en fond de salle fait écho aux applaudissements de la salle. Vient le tour de Yonis Choukri, une élue d’opposition à la ville. Elle connait ses sujets car elle les investit avec minutie. Elle nous fait sentir que rien ne doit être approximatif face aux élus face aux bailleurs pour tenter de défendre les droits des résidents du foyer. Elle interroge la ville sur la réhabilitation du foyer ou le nombre d’habitants relogés est diminué de 60 lits. Elle se désole qu’une ville de gauche soit gérée comme une ville de droite.
Dans le débat viennent des témoignages des horreurs banales des foyers. Un habitant précaire du quartier indique que son assistante sociale lui a conseillé de postuler dans ces « nouvelles résidences sociales » qui ne « doivent pas être réservées aux étrangers ». Il défend l’idée de résister avec les gens. Il faut que l’on crée des comités de droit au logement avec des mobilisations contre la spéculation et Nexity le partenaire privilégié de la ville.
Olivier du Copal (collectif pour l’avenir des foyers depuis 1996 fédération relogement) est ici pour défendre Mohamed. Son histoire est l’histoire d’une personne précaire qui se retrouve à la rue suite à de faux témoignages produits par des voisins. Sous la pression du bailleur pour récupérer une chambre. Dans un foyer de 14 étages avec des ascenseurs en panne et des vieux cloitrés chez eux. « Ici on est dans un foyer Sonacotra laissé à l’abandon à 520 euros le lit dans un 13 mètres carré ». Olivier appelle à venir le soutenir au tribunal de Puteaux mardi à 9h00
Autre témoignage, un matin un ancien se retrouve hors de chez lui avec un changement de serrure. Pour avoir hébergé son fils. Relogé grâce à la mobilisation de ses corésidents. Le point crucial pour se défendre, c’est la solidarité dans ce foyer tout est parti d’une mobilisation solidaire avec Mohamed expulsé avec son fils. Véronique, une des coprésidentes du comité de soutien nous montre un avis : 330 euros pour un lit dans une chambre de deux à Branly… Avis qui ne peut en aucun cas servir ni de quittance ni de reçu. Elle le compare avec une quittance de loyer pour un Hlm 41 mètres carré à 300 euros sans les charges.
Les cantinnières de Branly : des héroïnes
Pour terminer ce magnifique festival autour de la générosité – la même que les cantinières offre au quartier et aux habitants du foyer, un film leur a été dédié. Comme une ode au combat que les habitants et comité de soutien du Foyer Branly comptent bien gagner.
5h du mat elles sont debout pour eux. « Notre cuisine est la moins chères c’est la plus meilleure. C’est la famille ici. On est là parce qu il y a beaucoup de vieilles personnes, ici on est là pour aider. » Même dans le quartier, il y a des clients qui sont dans le besoin. « On travaille pour offrir un repas à 2 euros 50. C’est pour les autres. On compte sur vous ! Je ne peux pas monter ma société car le prix est petit. »
« On a des fournisseurs à payer. Il y a mille personnes qui viennent. On demande au bon dieu de nous aider à trouver de l’aide pour continuer. Les gens ont des difficultés on est là pour aider les autres. Si on ne fait rien, si on n’est pas là, il y a des gens qui crèvent, il y a des gens à crédit… On ne peut pas laisser « Je vous demande que vous puissiez nous aider pour aider les autres »… Un paradoxe ?
Les autres cantines de Montreuil et d’ailleurs disent leur admiration pour la cantine de Branly. Son rôle social pour que des centaines de personnes dans le quartier mangent chaque jour un repas. Le lien qu’elle créé. Et leur détermination à se battre pour qu’elle continue malgré la mairie et le bailleur. Dans cette période d’aggravation de la précarité alimentaire un groupe de défense est créé.
Par Olga Papp
lien vers l’article
Lien vers le site du festival Alimentaire
Location
Montreuil, FR
Association A4, Comité des résidents du foyer Branly, COPAF, Lassana Niakhaté, Festival Alimenterre